Pierre David
Résidence du 5 mai au 30 sept. 2025
Pierre David est peintre, dessinateur, scénographe de théâtre et designer. Sa pratique mêle les arts visuels aux arts appliqués. En 2023, aux côtés des Crafties, il a participé au duo show “Ornement” à la Halle des Bouchers de Vienne. Il a souhaité consacrer ce temps de recherche à la fabrication expérimentale d’une série de bouquetières, ou greffes sur vase, en grès.
En mars 2025, j'ai effectué un voyage au Vietnam, c'était ma première expérience de l'Asie. J'ai été touché par l'omniprésence du culte des ancêtres. Des autels leurs sont partout dédiés, des modestes installations à l'entrée des échoppes, jusqu'au spectaculaires autels des temples et des pagodes. Ces autels sont méticuleusement ritualisés, avec encens, dons d'argent, de nourritures et de fleurs. Il y a toujours une paire de vases en porcelaine, parfois de quelques centimètres, parfois ce sont de monumentales céramiques où s'épanouissent des chrysanthèmes jaunes, symbole d'immortalité.
À mon retour du Vietnam, j'ai eu le plaisir d'être invité par la Galerie Tator à effectuer cinq mois de résidence de recherche à la Factatory. Une résidence est toujours l'opportunité de rompre avec sa pratique habituelle. J'ai décidé pour un temps de laisser de côté mes dessins sur feuilles d'or pour me consacrer à la céramique. Je n'avais jamais pratiqué cette discipline. Depuis des années à Moly-Sabata je côtoie des céramistes et j'étais curieux de savoir ce que ce compagnonnage m'avait enseigné.
Je me suis souvenu des ces vases cultuels vus au Vietnam. À partir de ces objets traditionnels, souvent importés de Chine, j'ai décidé de faire un projet d'art décoratif, interrogeant l'idée de la colonisation. Depuis des siècles l'histoire du Vietnam se construit sur l'envahissement et la dépendance aux étrangers, qu'ils soient chinois ou occidentaux. Je voulais convoquer d'une façon poétique cette histoire de l'envahissement. J'allais produire des sur-vases brutalistes en grès noirs qui viendraient coloniser les fines porcelaines bleues et blanches. J'ai acheté des vases anciens et j'ai commencer à modeler des extensions venant se plugger sur les céramiques sans en abolir leur fonction, elles resteront des réceptacles à bouquets. J'ai ainsi réalisé durant ma résidence une dizaine d'objets hybrides, mêlant grès et porcelaine.
Depuis des centaines d’années, ces vases de cérémonie sont devenus en occident des objets de décoration des salons bourgeois. J'ai opéré un nouveau glissement sémantiques, déplaçant les objets d'art décoratifs dans le champs de l'art contemporain. Des bouquets viendront bientôt compléter les œuvres. Trois strates s'empilent ; l'histoire des porcelaines, la présence du vivant et entre les deux mes céramiques venant perturber la fonction de ces contenants. Mes pièces en grès n'existent que par la présence des porcelaines anciennes.
Pierre David, oct. 2025
Photos © Pierre David, Galerie Tator
Pierre David est peintre, dessinateur, scénographe de théâtre et designer. Sa pratique mêle les arts visuels aux arts appliqués. En 2023, aux côtés des Crafties, il a participé au duo show “Ornement” à la Halle des Bouchers de Vienne. Il a souhaité consacrer ce temps de recherche à la fabrication expérimentale d’une série de bouquetières, ou greffes sur vase, en grès.
En mars 2025, j'ai effectué un voyage au Vietnam, c'était ma première expérience de l'Asie. J'ai été touché par l'omniprésence du culte des ancêtres. Des autels leurs sont partout dédiés, des modestes installations à l'entrée des échoppes, jusqu'au spectaculaires autels des temples et des pagodes. Ces autels sont méticuleusement ritualisés, avec encens, dons d'argent, de nourritures et de fleurs. Il y a toujours une paire de vases en porcelaine, parfois de quelques centimètres, parfois ce sont de monumentales céramiques où s'épanouissent des chrysanthèmes jaunes, symbole d'immortalité.
À mon retour du Vietnam, j'ai eu le plaisir d'être invité par la Galerie Tator à effectuer cinq mois de résidence de recherche à la Factatory. Une résidence est toujours l'opportunité de rompre avec sa pratique habituelle. J'ai décidé pour un temps de laisser de côté mes dessins sur feuilles d'or pour me consacrer à la céramique. Je n'avais jamais pratiqué cette discipline. Depuis des années à Moly-Sabata je côtoie des céramistes et j'étais curieux de savoir ce que ce compagnonnage m'avait enseigné.
Je me suis souvenu des ces vases cultuels vus au Vietnam. À partir de ces objets traditionnels, souvent importés de Chine, j'ai décidé de faire un projet d'art décoratif, interrogeant l'idée de la colonisation. Depuis des siècles l'histoire du Vietnam se construit sur l'envahissement et la dépendance aux étrangers, qu'ils soient chinois ou occidentaux. Je voulais convoquer d'une façon poétique cette histoire de l'envahissement. J'allais produire des sur-vases brutalistes en grès noirs qui viendraient coloniser les fines porcelaines bleues et blanches. J'ai acheté des vases anciens et j'ai commencer à modeler des extensions venant se plugger sur les céramiques sans en abolir leur fonction, elles resteront des réceptacles à bouquets. J'ai ainsi réalisé durant ma résidence une dizaine d'objets hybrides, mêlant grès et porcelaine.
Depuis des centaines d’années, ces vases de cérémonie sont devenus en occident des objets de décoration des salons bourgeois. J'ai opéré un nouveau glissement sémantiques, déplaçant les objets d'art décoratifs dans le champs de l'art contemporain. Des bouquets viendront bientôt compléter les œuvres. Trois strates s'empilent ; l'histoire des porcelaines, la présence du vivant et entre les deux mes céramiques venant perturber la fonction de ces contenants. Mes pièces en grès n'existent que par la présence des porcelaines anciennes.
Pierre David, oct. 2025
Photos © Pierre David, Galerie Tator