“Marché de niche”
JJ von Panure
Exposition visuelle
> Les 30 ans de Tator >
du 13 sept. au 31 oct. 2024
Suite à une résidence à Moly-Sabata (Fondation Albert Gleizes)

En Résonance avec la 17ème Biennale d’art contemporain de Lyon

[FR]
Suite aux expériences olfactive, gustative et sonore des expositions précédentes, le duo JJ von Panure vient interroger le sens de la vue, par le prisme de l’objet fève, une sculpture miniature, comme un contre-pied joyeux et décalé, invitant à l’observation minutieuse de personnages facétieux et de saynètes burlesques.

Le duo expose à la Galerie Tator un grand ensemble de fèves ainsi que sa plus récente production créée lors de sa résidence à Moly-Sabata en août 2024, où il y développe une série se jouant des points de vue. Travail initié à l’occasion du Mondial des collectionneurs de fève des rois, les fèves-sculptures sont signées, titrées, référencées dans un catalogue sans cesse enrichi et forment à ce jour une collection de 1700 pièces. Chacune d’elles est en faïence, modelée et peinte à la main par le duo.



Le Petit
Amélie Lucas-Gary


– Pourquoi tu filmes ?
– Elles m’ont demandé.
– C’est un genre de performance ?
– Je sais pas. Elles n’ont rien expliqué. Juste je filme.
– Tu vas filmer le chien qui tourne inlassablement autour de la table aussi ?
– Oui.
– Salut tout le monde.
– Salut.
– Qu’est-ce qui se passe ? Vous faites quoi ? Personne m’a prévenu.
– Nous sommes le 6 janvier 2020, au 23 rue Ramponneau dans le XXème arrondissement de Paris. Il pleut des trombes dehors. Il est 16h. Les Panures préparent une galette et nous nous apprêtons à tirer les rois pour l’épiphanie.
– Savais-tu qu’Anastasia s’appelle Gaspard ?
– Assieds-toi.
– Comment ça ?
– C’est son nom de famille. C’est drôle de faire des fèves quand on s’appelle Gaspard.
– Oui, si on veut.
– Moi je suis écrivain depuis que je porte le nom « Gary ». Je réalise ça en te parlant.
– C’est-à-dire ?
– C’est le nom de mon mari. Et après le mariage, je l’ai ajouté à mon patronyme et alors, seulement, j’ai commencé à écrire des romans. J’ai commencé à écrire trois mois après en fait.
– Ok. Et comment tu expliques ça ? Ça te gêne pas ce déterminisme ?
– Non, parce que je n’aime aucun des livres de cet écrivain.
– Et Leïla c’est quoi son nom de famille ?
– Fromaget.
– Elles font quoi là ? Elles vont venir manger avec nous ?
– Elles préparent la galette. Il y a un problème pour la sortir du four.
– Bon. Et c’est qui le plus jeune ?
– C’est Max !
– J’irai pas sous la table.
– Moi, je préfère aller sous la table qu’avoir la fève.
– Mais t’es vieux.
– C’est trempé par terre.
– C’est les chiens qui vont sous les tables. J’ai toujours trouvé ça humiliant.
– C’est humiliant oui, et d’être mouillé aussi, de tomber, de se faire pisser dessus.
– Mais qu’est ce qui t’arrive ? Calme-toi. C’est pas pire que d’avoir à choisir un roi.
– J’étouffe ici.
– Calmez-vous. On obligera personne à faire quoi que ce soit.
– Oui. Comment va ton fils ? Il a quel âge maintenant ?
– Neuf mois.
– Ah c’est tout ? Je pensais qu’il avait cinq ans. Il fait quoi le bébé à neuf mois ?
– Il pointe l’index vers ce qu’il regarde.
– Oh, on dirait un petit baigneur. Il fait quelle taille ? On se rend pas compte sur la photo.
– Soixante-et-onze centimètres.
– Ah.
– C’était bien le vernissage où tu étais hier ?
– Oui, j’ai bien aimé les peintures, et puis il y avait un truc trop beau : dans le communiqué de l’expo, il était écrit que l’artiste, née sous X, venait de découvrir que sa grand-mère biologique était peintre, elle aussi.
– J’imagine qu’il peut y avoir plusieurs fèves dans cette galette. J’imagine qu’elle est énorme.
– C’est incroyable cette histoire.
– Vous êtes sortis après ?
– Oui, on a dansé. Il y avait Céline. Elle portait une robe à sequins. Elle danse trop bien. Bien
que ses genoux soient joints, entre ses cuisses, il y avait un espace en amande. C’était hyper étrange. J’ai faim moi.
– Justement la voilà !
– Ah ouais, elle est grande cette galette. Dans quoi elles ont cuit ça ?
– Dans leur four à céramique.
– Elles ont mis plusieurs fèves dedans tu crois ?
– Arrête de demander ça. J’en sais rien. Non, n’essaie pas de regarder.
– Je vois pas pourquoi elles auraient fait ça. Si il y a plusieurs fèves, ça n’a vraiment aucun
sens de tirer le roi.
– Pour se marrer.
– Pour foutre en l’air le rituel. Se foutre de notre gueule.
– Hum. Vu le temps qu’elles passent à faire une fève, je ne pense pas qu’elles nous en mettent plusieurs.
– Je suis sûre que je vais l’avoir. J’ai toujours de la chance.
–Il y a toujours des gens pour dire ça : prétendre au meilleur sans s’interroger sur la chance qu’iel mérite.
–Tu sous-entends quoi ? Franchement, je sais pas si la chance se mérite. C’est plutôt l’inverse je pense.
–Qu’est-ce que c’est ces motifs dessus ? C’est assez inhabituel.
–Je sais pas. On dirait des trèfles.
–Des têtes de morts.
–Ça devrait être un soleil
–Des couilles, je suis sûr.
–Vous savez que 68 % des français trichent pour donner la fève aux plus jeunes.
–D’où tu sors ça ?
–J’adore la galette. Je la trouve pas si énorme.
–Je vois rien.
–Autrefois, mes parents faisaient toujours en sorte que j’ai la fève. À chaque fois, j’étais reine. Je m’en rendais parfaitement compte, et ça ne gâchait en aucun cas mon plaisir.
–Ah oui tu es fille unique ! Je l’aurais parié.
–Non pas du tout.
–Alors tu étais la plus petite ?
–Non, la préférée.
–Faut que quelqu’une aille sous la table.
–Quelle mascarade. On peut pas juste manger la frangipane, sans faire les enfants.
–Où est Max ?
–Oui, c’est vrai, il est où le petit ? –Je sais pas, il est parti.
–Merde. Il est où Max ? –Pourquoi tu filmes toi ?
–Pour que quelque chose arrive.
–Super.
–Ah il s’est barré. Il voulait vraiment pas aller sous la table.
–Moi je veux bien y aller.
–Non, ça ne marchera pas, il faut que ce soit le plus jeune. Ça peut pas être volontaire. C’est une fatalité d’aller sous la table. C’est pas quelque chose qu’on choisit. Ça doit être Max.
–Si Max est parti. C’est le plus petit qui reste après lui.
–On n’est pas sûr qu’il soit parti. On peut simplement se servir.
–Bah non, on peut pas faire n’importe quoi, c’est filmé.
–Come on you, sit in the chair.
–Pourquoi ?
–So we can play a game.
–Quel jeu ?
–It’s called, «Is There a God?»
–On fait comment ?
–On se détend.
–Fermez les yeux.
–On a qu’à se parler un peu. On a des trucs à se dire.
–Je voudrais toucher tout ton corps en même temps, d’une grande main.
–Eh calme !
–Main-tenant. Tu sens les deux mots se détacher dans ma bouche.
–Lâche-moi un peu. C’est ton odeur que je sens.
–On fait quoi ? On se sert ?
–On n’est pas en famille après tout. Personne nous oblige à rien. On fait comme on veut.
–On attend les JJ quand même.
–Mais pourquoi tu filmes Amélie ?
–Pour l’épiphanie.
–How long has it been since we’ve waltzed?
–Pff
–Tant pis si Max est parti. Il a le droit après tout. Servez-vous.
–Allons-y, oui.
–Mais prenez votre temps ! Vous jetez pas dessus.
–Qu’est-ce que tu as là toi ? Tu respires fort.
–Je sais pas. J’ai besoin de faire rentrer beaucoup d’air dans mes poumons parfois. Tu aimes bien mon tee-shirt ?
–Je sais pas. Je ne comprends pas ce qu’il y a écrit dessus. Il y a trop de plis. Il est trop grand pour toi. Ça déforme complètement le motif.
–Les Panures aiment tout de la fève. Je pense qu’elles tiennent au rituel. On aurait dû les attendre. Ça va pas bien se passer cette épiphanie.
–Elles avaient qu’à être là.
–Normalement on coupe la galette selon le nombre exact de convives. On a fait n’importe quoi. On aurait pu penser à ça, sans qu’elles soient là pour le dire.
–Tu as vu la taille du machin en même temps ?
–Mais personne n’a eu la fève ?
–Non, on doit se resservir.
–Mais il y en reste beaucoup trop, j’ai plus faim moi.
–Moi non plus. Il y avait beaucoup de beurre.
–Beaucoup d’amande.
–On va pas manger tout ça.
–Si, il le faut. On peut pas arrêter avant que quelqu’une ait eu la fève.
–Pourquoi ?
–Elles sont où les févistes ? Elles font quoi ?
–Ok allons-y. Je vais chercher un truc à boire. On va y arriver.
–Je veux la fève.
–C’est moi qui vais l’avoir.
–Je suis remplie.
–Mais tu détestes cette expression.
–On a le droit de dire des mots qu’on n’aime pas.
–J’ai déjà mal au ventre.
–Is it painful ?
–Extrêmement.
–Vous voulez pas couper ça proprement quand même.Vous en foutez partout.
–Mais putain on a mangé les quatre cinquième de la galette et on l’a toujours pas eu cette fève !? –Statistiquement, cela n’a rien de très étonnant. C’est quelque chose qui peut arriver.
–Allez, mangez. Arrêtez de parler.
–Il reste une part pour celleux qui voudraient. Elle est petite.
–C’est fou.
–C’est quoi leur truc ?
–Two, ten, eleven. Eyes, fingers, toes!
–Ah voilà Max. Tu prends la dernière Max ?
–Ah ah oui, carrément. Qui est allé sous la table finalement ?
–Allez. On n’en peut plus de l’attendre, cette fève.
–Quoi personne ne l’a eue encore ?
–Qui a été sous la table ?
–On t’attendait, tu vois.
–Ok. Je goûte.

Silence

–Rien ?
–Rien ?
–Non rien.
–Mais putain quelqu’un l’a mangée cette fève ?
–Mais non, c’est pas possible. Pas une fève en céramique. C’est petit, mais pas assez pour passer inaperçu dans la bouche.
–C’est peut-être quelqu’un qui l’a avalée volontairement.
–On peut pas avaler un truc pareil, de cette taille-là. Aussi dur.
–Si, toi, tu as mangé hyper vite, comme un porc. T’aurais avalé ton couteau, tu t’en serais même pas rendu compte !
–N’importe quoi. Un grain de sable dans la salade me gêne.
–Alors, quelqu’une l’a eue, et n’a rien dit.
–Juste pour ne pas avoir à porter la couronne ?
–Mais on n’avait même pas de couronne !
–Pour pas choisir la reine, le roi. Je sais pas moi. Par gêne. Comme quand on était enfant, qu’il fallait dire son amoureux.
–C’est de ma faute, j’ai trop mis la pression sur le rituel, le respect des traditions.
–Don’t torture yourself. That’s my job.
–La fève a dû tomber. Cherchons par terre. Allez.
–Où sont les panures ?
–Elles sont parties.
–Cherchons toustes ensemble.
–Elles sont parties ?
–Regardez bien.
–On va forcément la trouver. Elle est forcément quelque part.


[EN]
Following on from the olfactory, gustatory and sound experiences of the previous exhibitions, the duo JJ von Panure are now questioning the sense of sight, through the prism of the fève (bean object), a miniature sculpture that acts as a joyful and offbeat counterpoint, inviting us to take a close look at facetious characters and burlesque sketches.

At the Galerie Tator, the duo is exhibiting a large group of broad beans, as well as their most recent work, created during their residency at Moly-Sabata in August 2024, where they developed a series that plays with points of view. Initiated at the Mondial des collectionneurs de fève des rois, the bean sculptures are signed, titled and referenced in an ever-expanding catalogue, making up a collection of 1,700 pieces to date. Each one is made of earthenware, modelled and painted by hand by the duo.



Le Petit (The Little One)
Amélie Lucas-Gary


-Why are you filming?
-They asked me.
-Is it some kind of performance?
-I don't know. They didn't explain. They didn't explain anything. I'm just filming.
-Are you going to film the dog that keeps circling the table too?
-Yes, I'm going to.
-Hi, everybody.
-Hi, everybody.
-What's up? What's going on? What are you guys doing? Nobody told me.
-It's January 6, 2020, at 23 rue Ramponneau in the 20th arrondissement of Paris. It's pouring outside. It's 4pm. The Panures (breadcrumbs) are baking a galette and we're getting ready to pull the kings for Epiphany.
-Did you know that Anastasia's name is Gaspard?
-Come and sit down.
-What do you mean, “Gaspard”?
-It's her family name. It's fun to make fèves (beans) when your name is Gaspard.
-Yes, if you like.
-I've been a writer since I was called Gary. It's my husband's name. And after we got married, I added it to my surname, and only then did I start writing novels. I started writing three months later, in fact. -And how do you explain that? Does this determinism bother you?
-No, because I don't like any of this writer's books. - And what's Leïla's surname?
-Fromaget.
-What are they doing here? Are they coming to eat with us?
-They're preparing the galette. There's a problem getting it out of the oven.
-Well, who's the youngest?  
-It's Max!
-I'm not going under the table. I'd rather go under the table than get the fèves.
-But you're old.
-It's soaking wet.
-Dogs go under tables.
-I've always found it humiliating.
-It is humiliating, yes, and to get wet too, to fall down, to get pissed on.
-What's the matter with you? Take it easy. It's no worse than having to choose a king.
-I'm suffocating here.
-Calm down. We're not going to force anyone to do anything.
-Yes. How's your son? How old is he now?
-Nine months.
-Is that all? I thought he was five. What does a baby do at nine months?
-He points his index finger at what he's looking at. -Oh, he looks like a little bather. How big is he? You can't tell from the photo.
-Seventy-one centimetres.
-Ah.
-Was it a good opening you were at yesterday?
-Yes, I liked the paintings, and then there was something so beautiful: in the exhibition's press release, it was written that the artist, born under X, had just discovered that her biological grandmother was also a painter.
-I imagine there could be several fèves in this cake. I imagine it's huge.
-It's an incredible story. 
-Did you go out afterwards?
-Yes, we danced. Céline was there. She was wearing a sequined dress. She's such a good dancer. Although her knees touch one one another, between her thighs there was an almond-shaped space. It was the strangest thing. I'm hungry
-Here it is!
-Oh yeah, that's a big one. What did they bake it in?
-In their ceramic oven.
-Do you think they put a lot of beans in it?
-Stop asking that. I wouldn't know. No, don't try to look.
-I don't see why they'd do that. If there's more than one bean, there's really no point in pulling the king out.
-Just for fun.
-To fuck up the ritual. To make fun of us.
-Hm. Considering how long it takes them to make a fève, I don't think they'll give us more than one.
-I'm sure I'll get it. I am always lucky.
-There are always people who say that: pretend to be the best without questioning how lucky you are.
-What are you implying? Frankly, I don't know if luck is earned. I think it's the other way around.
-What are these patterns on them? It's pretty unusual.
-I don't know. They look like clovers.
-Skulls.
-It should be a sun
-Balls, I'm sure.
-You know that 68% of French people cheat to give the bean to the youngest.
-Where did you get that from?
-I love the galette. I don't think it's that big.
-I can't see a thing.
-In the old days, my parents always made sure I got the bean. Every time, I was queen. I was perfectly aware of this, and it didn't spoil my fun in the slightest.
-Yes, you're an only child! I'd have bet on it.
-No, not at all.
-So you were the smallest?
-No, the favorite. 
-Someone needs to get under the table.
-What a charade. We can't just eat the frangipane, without acting like children.
-Where's Max?
-Yes, that's right, where is the little one?
-I don't know, he left.
-Shit. Where's Max?
-Why are you filming? 
-So something will happen.
-Great.
-He's gone. He really didn't want to go under the table.
-I'll go.
-No, it won't work. It has to be the youngest. It can't be voluntary. It's inevitable to go under the table. It's not something you choose. It has to be Max.
-If Max is gone. It's the smallest that stays after him.
-We're not sure he's gone. We can just help ourselves.
-Well no, we can't do anything, it's being filmed
-Come on you, sit in the chair.
-Why?
-So we can play a game.
-What game?
-It's called, “Is There a God?”
-How do we do it?
-Relax.
-Close your eyes.
-Let's have a little talk. I'd like to touch your whole body at once, with one big hand.
-Hey, calm down!
- Main-tenant (Hand-holding). You can feel the two words coming apart in my mouth.
-Give me a break. It's your scent I'm smelling.
-What do we do? We're not family after all.
-Nobody's forcing us to do anything. We'll do as we like.
-We're waiting for the JJs anyway.
-But why are you filming Amélie?
-For the epiphany.
-How long has it been since we've waltzed?
-Pfft
-That's too bad if Max is gone. He has the right, after all. Help yourself.
-Let's go, yes.
-But take your time!
-What have you got there? You're breathing hard.
-I don't know. I need to get a lot of air into my lungs sometimes. Do you like my shirt?
-I don't know. I don't understand what's written on it. There are too many folds. It's too big for you. It completely distorts the design.
-The JJ’s love everything about the fève. I think they like the ritual. We should have waited for them. This epiphany's not going to go well.
-They should have been here.
-Normally, the galette is cut according to the exact number of guests. We've done everything wrong. We could have thought of it, but they weren't there to say so.
-Did you see the size of the thing at the same time?
-But nobody got the fève?
-No, we've got to get more. But there's so much left over, I'm not hungry any more.
-There was a lot of butter.
-A lot of almonds.
-We can't eat all that.
-Yes, we have to. We can't stop until someone gets the bean.
-Why?
-Where are the fève-makers? What are they doing?
-Okay, let's go. I'm going to get something to drink. We'll make it.
-I want the fève.
-I'm going to get it.
-I'm full.
-But you hate that expression.
-We're allowed to say words we don't like.
-I've already got a stomachache.
-Is it painful?
-Extremely.
-You don't want to cut that properly, do you? You're spilling it everywhere.
-But we've eaten four fifths of the cake and we still haven't got the bean!
-Statistically, there's nothing very surprising about that.
-Come on, eat. Stop talking..
-There's still a slice left for those who want it. It's small.
-It's crazy.
-What's their trick?
-Two, ten, eleven. Eyes, fingers, toes!
-Here you go, Max. Are you taking the last one, Max?
-Oh, yeah, definitely. Who went under the table after all?
-Come on, then. We can't wait any longer for that bean.
-Why hasn't anyone had it yet?
-Who's been under the table?
-We've been waiting for you, you see.
-OK. I'll taste it.

Silence

-Nothing?
-Nothing?
-No, nothing.
-But has anyone eaten this bean?
-No, it's not possible. Not a ceramic bean. It's small, but not enough to go unnoticed in the mouth.
-Maybe someone swallowed it on purpose.
-You can't swallow something that big.
-You ate it really fast, like a pig. If you'd swallowed your knife, you wouldn't even have noticed!
-Nonsense. A grain of sand in the salad is bothering me.
-So someone had it and didn't say anything?
-Just so they wouldn't have to wear the crown?
-But we didn't even have a crown!
-So they wouldn't have to choose the queen or the king. I don't know. Out of embarrassment. Like when you were a kid and you had to say who you loved...
-It's my fault, I put too much pressure on the ritual, on respect for tradition.
-Don't torture yourself. That's my job.
-The fève must have fallen out. Let's look on the floor. Come on.
-Where are the Panures?
-They've gone.
-Let's look all together.
-They've gone?
-Look carefully.
-We're bound to find it. It's got to be here somewhere.




Photos © Frédéric Houvert