“Coupe-feu”
Marie Pic
Marie Pic
Exposition du 11 avril au 30 mai 2025
En collaboration avec Bikini
En collaboration avec Bikini














[FR]
Coupe-feu, la première exposition personnelle de l’artiste Marie Pic, pensée en deux chapitres, nous invite à basculer dans les notions de passage et de seuil, à travers des formes sculpturales, qui mêlent l’architecture et le monde végétal. À la fois familières et déstabilisantes, des silhouettes de portes et de portails – conçues comme des bas-reliefs symétriques, inspirés de l’Art Nouveau ou de la joaillerie du XVIIe siècle – créent un dialogue entre la nature et l’artisanat et renforcent cette frontière mentale entre l’intérieur et l’extérieur. Serrures, clés et cadenas, suspendus comme des grappes par des chaînes, évoquent un équilibre précaire entre vulnérabilité et sécurité. L’ensemble de ces sculptures en céramique émaillée, à l’effet métallique, rappellent les textures de la ferronnerie mais également la minéralité des pierres précieuses, à travers des nuances subtiles de vert d’eau. Enfin, Coupe-feu convoque la résistance des matériaux face aux flammes, tout comme la céramique qui, après sa cuisson à plus de 1259 degrés, ne brûle jamais, mais se transforme, comme les couleurs qui se rencontrent à sa surface.
le murmure des serrures
ding-dong -
la cloche sonne
le mécanisme invisible se met en marche
j’attends sans bruit
mon oreille collée contre elle
j’écoute ses engrenages
tourner en boucle
sans jamais se stopper
les roues crantées tourner
comme des corps entrelacés
enfermés dans un cycle infini
clac-clac-clac -
retenant mon souffle
j’écoute le secret sourd du dedans des pas claquent le sol
sans destination
ils font résonner le vide
et dessinent à la surface
les vibrations d’un dédale
suspendue
entre le monde des possibles
je caresse de la main
celle qui me fait face
ses contours verdâtres brillent
sous la lueur pâle d’une lumière oubliée dispersée comme des poussières de métal
une couleur qui n’existe qu’entre la terre et le ciel
ding-dong
ding-dong
je regarde à l’intérieur
de la serrure sans réponse
j’y glisse mon doigt
il prend la forme de celle
qui l’entoure, qui la circule
autour de moi, les autres
enchainées dans l’attente
crantées, crantées,
elles ont perdues la cavité
à laquelle elles sont assignées
comme des pièces d’un puzzle
elles se figent à jamais
♕♛
échec & mat
la partie est terminée
klick-klick-zwip -
la porte s’ouvre dans un grincement lent
j’entrevois l’entre deux mondes
ni tout à fait dehors,
ni tout à fait dedans
une zone de transition
où la lumière et l’ombre
s’entrelacent
comme toi et moi
silencieuses
je reste là, au bord de ce seuil
comme dans un rêve qui se dérobe
dès qu’on tente d’en saisir le sens
je reste là, entre
l’illusion de l’enfermement
et la promesse de l’évasion
au bord de ce seuil sans fin.
Liza Maignan, avril 2025
[EN]
Coupe-feu, artist Marie Pic's first solo show, is divided into two chapters, and invites us to explore notions of passage and threshold, through sculptural forms that blend architecture and the plant world. At once familiar and unsettling, the silhouettes of doors and gates - conceived as symmetrical bas-reliefs, inspired by Art Nouveau or 17th-century jewelry - create a dialogue between nature and craft, reinforcing the mental boundary between inside and outside. Locks, keys and padlocks, suspended like bunches by chains, evoke a precarious balance between vulnerability and security. All these glazed ceramic sculptures, with their metallic effect, recall the textures of ironwork, but also the minerality of precious stones, through subtle shades of water-green. Finally, Coupe-feu evokes the resistance of materials to flames, just like ceramics which, after being fired at over 1259 degrees, never burns, but transforms, like the colors that meet on its surface.
the murmur of the locks
ding-dong -
the bell rings
the invisible mechanism starts up
I wait without a sound
my ear pressed against it
I listen to its gears
turning in loops
without ever stopping
the cogwheels turn
like intertwined bodies
enclosed in an infinite cycle
clac-clac-clac -
holding my breath
I listen to the muffled secret within
steps slamming on the floor
without destination
they make the void resound
and draw on the surface
the vibrations of a maze
suspended
between the world of possibilities
my hand caresses
the one facing me
its greenish contours shimmering
in the pale glow of a forgotten light
scattered like metal dust
a color that exists only between earth and sky
ding-dong
ding-dong
I look inside
the lock with no answer
I slip my finger inside
it takes the shape of the one
that surrounds it
that circles it around me, the others chained in expectation notched, notched, they have lost the cavity to which they are assigned like pieces of a puzzle they freeze forever
♕♛
check & mate
the game is over
klick-klick-zwip -
the door opens with a slow creak
I catch a glimpse of the in-between
neither quite outside,
nor quite inside
a transition zone
where light and shadow
intertwine
like you and me
silent
I remain there, on the edge of this threshold
as if in a dream that slips away
as soon as we try to grasp its meaning.
I stand between
the illusion of confinement
and the promise of escape
on the edge of this endless threshold.
Liza Maignan, April 2025
Photos © Romain Blanck
Coupe-feu, la première exposition personnelle de l’artiste Marie Pic, pensée en deux chapitres, nous invite à basculer dans les notions de passage et de seuil, à travers des formes sculpturales, qui mêlent l’architecture et le monde végétal. À la fois familières et déstabilisantes, des silhouettes de portes et de portails – conçues comme des bas-reliefs symétriques, inspirés de l’Art Nouveau ou de la joaillerie du XVIIe siècle – créent un dialogue entre la nature et l’artisanat et renforcent cette frontière mentale entre l’intérieur et l’extérieur. Serrures, clés et cadenas, suspendus comme des grappes par des chaînes, évoquent un équilibre précaire entre vulnérabilité et sécurité. L’ensemble de ces sculptures en céramique émaillée, à l’effet métallique, rappellent les textures de la ferronnerie mais également la minéralité des pierres précieuses, à travers des nuances subtiles de vert d’eau. Enfin, Coupe-feu convoque la résistance des matériaux face aux flammes, tout comme la céramique qui, après sa cuisson à plus de 1259 degrés, ne brûle jamais, mais se transforme, comme les couleurs qui se rencontrent à sa surface.
le murmure des serrures
ding-dong -
la cloche sonne
le mécanisme invisible se met en marche
j’attends sans bruit
mon oreille collée contre elle
j’écoute ses engrenages
tourner en boucle
sans jamais se stopper
les roues crantées tourner
comme des corps entrelacés
enfermés dans un cycle infini
clac-clac-clac -
retenant mon souffle
j’écoute le secret sourd du dedans des pas claquent le sol
sans destination
ils font résonner le vide
et dessinent à la surface
les vibrations d’un dédale
suspendue
entre le monde des possibles
je caresse de la main
celle qui me fait face
ses contours verdâtres brillent
sous la lueur pâle d’une lumière oubliée dispersée comme des poussières de métal
une couleur qui n’existe qu’entre la terre et le ciel
ding-dong
ding-dong
je regarde à l’intérieur
de la serrure sans réponse
j’y glisse mon doigt
il prend la forme de celle
qui l’entoure, qui la circule
autour de moi, les autres
enchainées dans l’attente
crantées, crantées,
elles ont perdues la cavité
à laquelle elles sont assignées
comme des pièces d’un puzzle
elles se figent à jamais
♕♛
échec & mat
la partie est terminée
klick-klick-zwip -
la porte s’ouvre dans un grincement lent
j’entrevois l’entre deux mondes
ni tout à fait dehors,
ni tout à fait dedans
une zone de transition
où la lumière et l’ombre
s’entrelacent
comme toi et moi
silencieuses
je reste là, au bord de ce seuil
comme dans un rêve qui se dérobe
dès qu’on tente d’en saisir le sens
je reste là, entre
l’illusion de l’enfermement
et la promesse de l’évasion
au bord de ce seuil sans fin.
Liza Maignan, avril 2025
[EN]
Coupe-feu, artist Marie Pic's first solo show, is divided into two chapters, and invites us to explore notions of passage and threshold, through sculptural forms that blend architecture and the plant world. At once familiar and unsettling, the silhouettes of doors and gates - conceived as symmetrical bas-reliefs, inspired by Art Nouveau or 17th-century jewelry - create a dialogue between nature and craft, reinforcing the mental boundary between inside and outside. Locks, keys and padlocks, suspended like bunches by chains, evoke a precarious balance between vulnerability and security. All these glazed ceramic sculptures, with their metallic effect, recall the textures of ironwork, but also the minerality of precious stones, through subtle shades of water-green. Finally, Coupe-feu evokes the resistance of materials to flames, just like ceramics which, after being fired at over 1259 degrees, never burns, but transforms, like the colors that meet on its surface.
the murmur of the locks
ding-dong -
the bell rings
the invisible mechanism starts up
I wait without a sound
my ear pressed against it
I listen to its gears
turning in loops
without ever stopping
the cogwheels turn
like intertwined bodies
enclosed in an infinite cycle
clac-clac-clac -
holding my breath
I listen to the muffled secret within
steps slamming on the floor
without destination
they make the void resound
and draw on the surface
the vibrations of a maze
suspended
between the world of possibilities
my hand caresses
the one facing me
its greenish contours shimmering
in the pale glow of a forgotten light
scattered like metal dust
a color that exists only between earth and sky
ding-dong
ding-dong
I look inside
the lock with no answer
I slip my finger inside
it takes the shape of the one
that surrounds it
that circles it around me, the others chained in expectation notched, notched, they have lost the cavity to which they are assigned like pieces of a puzzle they freeze forever
♕♛
check & mate
the game is over
klick-klick-zwip -
the door opens with a slow creak
I catch a glimpse of the in-between
neither quite outside,
nor quite inside
a transition zone
where light and shadow
intertwine
like you and me
silent
I remain there, on the edge of this threshold
as if in a dream that slips away
as soon as we try to grasp its meaning.
I stand between
the illusion of confinement
and the promise of escape
on the edge of this endless threshold.
Liza Maignan, April 2025
Photos © Romain Blanck