Blanche & Louise Lafarge
Résidence du 4 janvier au 31 mars, puis du 13 sept. au 23 déc. 2021

Blanche & Louise Lafarge, artistes plasticiennes diplômées de la HEAD (Genève) ont une pratique d’art digital. À l’occasion de leur résidence à la Factatory, elles ont souhaité développer “Nos corps encodés”, projet numérique et pluridisciplinaire soutenu par les Ateliers Médicis, qui comporte 2 axes principaux : la création d’un dispositif de scan 3d et la production d’un court-métrage d’animation.

“Nos corps encodés est un projet de vidéo d’animation, d’écriture et de performance, réalisé à partir de scans 3D de performeur.x.s.ses en mouvement. Leurs corps mouvant inscrivent une trace dans l’espace - invisibles à l’oeil nu - que les technologies de scanning permettent de révéler. Apparaissent alors des corps-glitch effaçant les frontières du genre. Des chimères numériques délivrées des normes culturelles. La vidéo nous entraîne dans un paysage de corps organiques. Un monde numérique où les données ont fusionnées. Les corps des avatars se rencontrent et deviennent des corps-glitch. Les symbioses imaginaires qui s’opèrent de manière hasardeuse projettent les coporéités fluides, mouvantes et passagères, de corps qui se cherchent dans leurs propres interstices. Avatars numériques traduisant des désirs de corps poreux, cryptés, encodés, iels rêvent de mondes liquides et virtuels; flottent et naviguent dans les remous de leurs identités troublées. Leurs voix intérieures résonnent et se mêlent en coeur, nous dévoilent leurs désirs rhizomiques. Nos corps encodés interrogent ce que c’est que d’habiter un corps. Selon nous, celleux qui contrôlent les images contrôlent les imaginaires et donc les corps.”

En seconde session de résidence, toujours dans le cadre du projet “Nos corps encodés”, Blanche & Louise se sont dédiées à des recherches d’ordre plus sculptural, sur la notion spécifique d’hologramme, en vue de leur double expositions concomitantes à venir, à la galerie Tator et chez Kommet en 2023.


Au delà de l’Aniakea s’étend la toile cosmique.
Ses fibres évitent les vides, esquissent les contours d’une matière noire. Mes neurones aussi s’étreignent, s’immiscent dans le cyberespace génèrent des hyperliens.
Oui, ma peau est trouée de songes dans l’interstice de mes blessures, se nichent des désirs indociles. 
Depuis mes fenêtres ouvertes sur internet, j’observe les parois du monde IRL et les cascades en pleurs, je cherche des passages sous nos paysages. Je rêve de fluidité.
Sous les plis naissants de mes peaux virtuelles commence la métamorphose je n’aurais donc jamais fini de devenir moi même je mute inlassablement, comme une fractale sans fin.
Je m’invente un corps holométabole, car il est l’heure Il me semble de considérer nos différences. La dernière aventure humaine sera numérique, et elle commence ici, entre nos corps encodés.
J’avance dans les méninges de la mémoire RAM où s’épanouit l’or-norme.
Que vais-je te confier, une fois que nos sauvegardes seront en ruines ? Si les codes-sources s’assèchent, il restera sûrement nos larmes.




Interview filmée de Blanche & Louise Lafarge, réalisée par Marion Renard

https://www.youtube.com/watch?v=ygX1xWE4wR8

Photos intérieures © Blanche & Louise Lafarge
Photo extérieures © Galerie Tator